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dimanche 20 avril 2025

Un sonnet de Shakespeare jusque-là méconnu vient d’être découvert dans un manuscrit du XVIIe siècle Article de Ingrid Boinet

Une rare copie manuscrite du Sonnet 116 de Shakespeare a refait surface dans un manuscrit du XVIIe siècle. Le texte, bien différent de la version connue jusqu’à présent, éclaire sur le contexte politique de l’époque. L’œuvre de William Shakespeare (1564-1616) continue d’intriguer, même plus de 400 ans après sa mort. Le poète et dramaturge de génie a laissé derrière lui un héritage littéraire immense, mais aussi de nombreuses énigmes. La récente découverte d’une version manuscrite du Sonnet 116 à Oxford le prouve une fois de plus, rapporte BBC News. Le texte, mis au jour par Dr Leah Veronese dans un recueil du XVIIe siècle, révèle des modifications étranges. Voici pourquoi. En Angleterre, une ancienne porte cachée découverte qui mènerait à la loge de William Shakespeare 6 pièces de théâtre de Shakespeare à lire une fois dans sa vie Vérone : voici le programme idéal pour une journée romantique dans la ville de Roméo et Juliette Une version du sonnet de Shakespeare jusque-là passée inaperçu « Let me not to the marriage of true minds ». Ce vers vous parle-t-il ? Les passionnés de l’œuvre shakespearienne reconnaîtront sans doute le Sonnet 116 publié en 1609, l’un des sonnets d'amour les plus célèbres du dramaturge. Mais récemment, Dr Leah Veronese, spécialiste en littérature anglaise du début de l'ère moderne à l'université d'Oxford (Angleterre), a révélé dans la revue Review of English Studies avoir découvert une nouvelle version. Une rare copie écrite à la main retrouvée dans le Bodleian MS Ashmole 36, 37, un manuscrit du XVIIe siècle conservé à la bibliothèque Bodléienne d’Oxford. Cette miscellanea (ndlr, un recueil de textes variés) appartenait à Elias Ashmole, un homme politique anglais et fervent partisan de la monarchie durant la guerre civile anglaise (1642-1646). La richesse du manuscrit et l’absence de mention de Shakespeare expliquent qu’il soit passé inaperçu jusqu'à présent. C’est à la lecture du célèbre vers que l’experte a reconnu le sonnet. Une chanson politique Niché entre des textes politiquement engagés — des chants de Noël interdits aux poèmes satiriques — se trouvait donc le fameux Sonnet 116. Sa particularité ? C’est la deuxième version manuscrite connue de ce poème, mais surtout, celle-ci a été modifiée et transformée en chanson sur une musique du compositeur Henry Lawes. Plus précisément, certains passages ont été modifiés et sept vers ont été ajoutés. Pour la professeure, cette transformation n’est pas anodine. Elle suggère que ces changements pourraient avoir une portée politique et religieuse, en lien avec la guerre civile anglaise qui opposait alors royalistes et parlementaires. Ce poème, initialement une réflexion sur l’amour inébranlable, pourrait ainsi avoir été réinterprété comme une déclaration politique et un appel à la loyauté envers la monarchie. Pour rappel, de 1642 à 1651, l'Angleterre a connu trois guerres civiles entre le roi Charles Ier et le Parlement. Ce dernier finit par gagner et condamna Charles Ier à mort en 1649. Un régime républicain régna ensuite pendant onze ans avant que le fils de Charles Ier ne soit rétabli sur le trône. Ce texte nous offre à la fois un aperçu des enjeux durant cette période troublée et un meilleur exemple de réutilisation politique des écrits de Shakespeare. Sonnet 116 de Shakespeare La version connue du sonnet 116 Let me not to the marriage of true minds Admit impediments; love is not love Which alters when it alteration finds, Or bends with the remover to remove. O no, it is an ever-fixèd mark That looks on tempests and is never shaken; It is the star to every wand'ring bark Whose worth's unknown, although his height be taken. Love's not time's fool, though rosy lips and cheeks Within his bending sickle's compass come. Love alters not with his brief hours and weeks, But bears it out even to the edge of doom: If this be error and upon me proved, I never writ, nor no man ever loved. La traduction (de François-Victor Hugo) N’apportons pas d’entraves au mariage de nos âmes loyales. Ce n’est pas de l’amour que l’amour qui change quand il voit un changement, et qui répond toujours à un pas en arrière par un pas en arrière. Oh ! non ! l’amour est un fanal permanent qui regarde les tempêtes sans être ébranlé par elles ; c’est l’étoile brillant pour toute barque errante, dont la valeur est inconnue de celui même qui en consulte la hauteur. L’amour n’est pas le jouet du Temps, bien que les lèvres et les joues roses soient dans le cercle de sa faux recourbée ; l’amour ne change pas avec les heures et les semaines éphémères, mais il reste immuable jusqu’au jour du jugement. Si ma vie dément jamais ce que je dis là, je n’ai jamais écrit, je n’ai jamais aimé. La version récemment découverte dans le manuscrit Bodleian Selfe blyndeinge Error seize all those minds Whoe with false Appellations call that loue Which alters when it alterations finds Or with the moouyr hath a power to moue Not much unlike the Hereticks pretence 5 That Cytes true Scripture, but perverts the Sence. Noe, loue is an ever fixed marke That lookes on tempests but is never shaken It is the starr to euery wonderinge barke Whose worths unknowne, although his height be taken 10 Noe Mountebancke, with eye deludeinge flashes But flaming Martir in his holy Ashes Loues not tymes Foole, though Rosy lipps and Cheekes Within his bendeinge sickles compasse come Loue alters not with his breafe hours & weekes 15 But beares it out, euen to the Edge of doome If this be Error, and not truth approu’d Cupids noe god, nor noe Man euer lou’d

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